Nocturne des croisés

Ne pouvant pas rouler ce dimanche pour cause d’agapes, j’avais coché sur mon calendrier cette petite nocturne de vendredi soir. Noirefontaine commune rattachée à Bouillon ne se trouvant qu’à quelques encablures de la maison c’était parfait. Message vite fait sur le forum, PTR et Yannick, de retour de son stage en altitude se joignent à moi. Rendez-vous donné à 18H00 afin de ne pas avoir trop à rouler à la lueur des lampes.

Arrivé sur place le premier je constate que j’ai oublié mon casque, que j’ai déjà les jambes dures de mon cent kilomètres de la veille et que le thermomètre de ma voiture indique 31°… Pour le casque je trouve un organisateur qui me prête le sien et pour le reste il faudra faire avec.
Je finalise mon inscription :  deux choix se présentent à moi 30 kms ou 30kms, laissant d’entrée le 20kms de coté. SI la distance est la même le D+ n’est pas tout à fait similaire : 700 ou 850 m de D+. « A vaillans cuers riens impossible » (devise de Jacques COEUR, marchand français, négociant, banquier et armateur du XIV siècle) . J’opte donc pour la version montagnarde… Yannick et PTR feront de même sur les conseils des organisateurs.

Le début du parcours mélange chemins larges et singles tracés pour l’occasion. C’est franchement très agréable. Majoritairement nous empruntons des chemins connus mais les sentiers nouveaux nt de belles découvertes. Globalement c’est un parcours assez costaud même s’il n’y a rien d’insurmontable. PTR caracole en tête, je fais ce que je peux pour m’accrocher, en vain, alors que Yannick ferme la marche : tant dans les montée que dans les descentes… Arrivés à proximité de Bouillon après 5 kilomètres nous repartons vers Curfoz. Je retrouve des passages de la randonnée gourmande que nous avions fait il y a quelques années déjà.
Nous nous dirigeons vers le belvédère de Bouillon, mais comme chacun le sait si la ligne droite est le chemin le plus court d’un point à un autre, sauf si on s’appelle Einstein, ce n’est pas forcément le plus rapide. Mais il s’avère ue ans notre cas ça l’aurait été si les organisateurs en avaient décidé comme cela. Mais je sais où nous allons et mais souvenirs d’un ancien GRG me font déjà monter le cardio… Quand nous débouchons sur une petite route défoncée mes deux compères réalisent ce qui nous attend. Je découvrirai que ce chemin s’appelle la rue de la belle étoile. Quel humour ces belges car si ce passage a ressemblé un jour à une rue cela date de l’époque de Godefroy. Par contre pour ce qui est des étoiles je peux vous dire que ce n’est pas une seule que le manque d’oxygène nous fait voir. Je profite du belvédère pour faire une vue aérienne de mes comparses qui en recherche d’oxygène ne me voient même pas. Nous descendons vers la Semois que nous longeons un petit temps avant de tomber sur un troupeau de touriste opérant au renflouage d’un pédalo. Nous n’avons pas compris leurs explications dans un langage mélangeant l’anglais, le batave et le français. Nous remontons jusqu’au château pour profiter du ravitaillement.

Quand nous redémarrons nous avons le choix de descendre par les marches ou par la route. Yannick décline l’option secouage de bonbons. Nous le suivons dans cette sage décision. Nous passons sous le château. Je subodore la perversité des traceurs. Et ne me trompe pas. Une option facile difficile s’offre à nous. Je sais que l’option difficile se finira à pieds. Cela est confirmé par nos prédécesseurs… Yannick est PTR préfère aller au plus facile. Moins raide mais beaucoup plus longue…
Je m’aperçois que la pause n’a pas eu un effet bénéfique sur moi. Comme je m’en doutais la chaleur fait son œuvre, je suis cramé… Je cède ma deuxième place à Yannick et vais trainer ma peine jusqu’à l’arrivée. Enfin dès que le terrain prendra un peu de pente. 2.5kms et 180m de D+ voila une première montée de faite et nous sommes proches de Noirefontaine. Trop car nous n’avons que 20 kilomètres au compteur. Nous descendons donc vers la Semois. Je reconnais là encore les anciens passages du Grand Raid Godefroy. Nous sommes à proximité de Dohan. Altitude 220m ! Nous remontons vers les Hayons altitude 440m. Je suis au bout de ma vie. Je ne réfléchis plus et suis mes deux lièvres, dont un boite quand même un peu. Erreur d’aiguillage : un rab d’un kilomètre sur la route. Comme si j’avais besoin de ça. Je fais demi-tour et remets l’équipe sur les bons rails. Il nous reste une boucle à faire. Plus de grosses montée mais de jolis sentiers plein de racines. Il commence à faire sombre. J’allume ma lampe de secours, la principale étant bien rangée sur mon casque à la maison. Trente seconde après je suis dans le noir. Finalement elle n’est pas d’un grand secours… Je suis mes compères à leur loupiote arrière. C’est quand même un peu rock n’roll. Je vois une lampe posée dans l’herbe au milieu du chemin. Les dieux du VTT ont exaucé mon vœux. Mais que nenni, il s’agit en fait de PTR qui vient de perdre sa lampe. Comme il en a une seconde, je lui taxe pour les quelques kilomètres qu’il nous reste. Une minute trente plus tard nous entrons dans Noirefontaine. Vraiment utile cette lampe !

Nous tombons sur le second ravitaillement, dit gourmand. Cake, quiche, saucisson nous attendent sans oublier la bière fraiche. Et tout cela en produits locaux. Nous devons y passer une bonne demi-heure car quand nous repartons, après deux bières pour certains, la nuit est franchement noire. Par contre la température est toujours au delà des 25°. Nous finissons les cinq cents mètres restant avant que je restitue le casque à son légitime propriétaire, que je trouverai pas d’ailleurs, et que nous prenions le temps de savourer une boisson de récupération… Il n’y a pas à dire nous avions besoin d’une bonne récup…