Pendant que le renard fait sa soupe

Une nouvelle fois nous accueillons un jeune en ce jour de commémoration de la montée de Marie aux cieux. C’est Brieuc qui après Mattéo vient rajeunir les rangs des raidars. Car si les raidars restent vert  malgré les années qui avancent, la chair fraîche à qui se frotter donne toujours un regain de forme. Philippe plus fringant que jamais après un séjour chez les moniteurs de la forêt, Stéphane enfin descendu de son Massey-Ferguson, Arnaud de retour de vacances, Chocobob ayant tout juste retiré ses bottes poitevines, Eric délaissant à regret les télésièges des portes du soleil pour s’aiguiser les mollets en vue de l’enduro des loups et moi-même intermittent du spectacle depuis quelques semaines déjà, nous retrouvons donc à l’Athénée Royal  de Bouillon à l’occasion de la Croisade. Si les prévisions  météorologiques nous permettent d’espérer d’échapper aux averses, nous sommes tous conscients que la seule poussière que nous allons rencontrer est celle qui tapisse nos gosiers en l’attente de l’arrosage des anniversaires d’Arnaud et de Chocobob. Nous voilà partis en troupeau sous l’objectif éclairé du photographe local.  Très rapidement le chemin s’élève en un coriace coup de cul pavé, non pas de bonnes intentions mais de plaques d’ardoises glissantes qui provoquent notre première mise à pied.  Un petit single s’ensuit afin de nous amener dans le centre de Bouillon et par la même occasion sur les traces du Grand Raid Godefroy. Si l’ascension est longue, elle reste facile. Nous longeons ensuite la ligne de crête nous offrant une vue sans égal sur la vallée de la Semois. Des volutes de brume s’élèvent de la forêt. Stéphane nous explique alors qu’en cette période où l’automne, et donc la chasse approche à grand pas, le renard fait de la soupe à l’oignon afin de ne pas, comme la cigale de la Fontaine être pris au dépourvu quand l’hiver viendra et que la jument de Michaud s’en repentira. Après ses considérations philisophico-bestials nous attaquons notre descente vers Dohan et le premier ravitaillement. Un superbe passage dans un petit bikepark nous permet, sauf à un, de montrer notre dextérité dans le pilotage de nos montures. Arrivés près de la rivière Stéphane et Eric font une pause gonflage ne résistant pas à la joie d’utiliser une nouvelle fois la pompe de Ken alors que nous ne sommes qu’à deux cents mètres du premier ravitaillement, qui s’avérera en fait être également le second, et qu’une  pompe d’homme leur tend les bras. Après un ravitaillement à base de tartines, je suis désolé mais c’est de terme en langage autochtone, au jambon et au fromage, nous reprenons notre chemin préoccupés de la réaction de notre estomac dans l’ascension, bien que nous soyons le jour de l’assomption ce qu’il ne faut pas confondre. Malgré quelques  reflux de saucisson pour ceux qui n’ont pas su résister à la tentation, les choses se passent bien et même si l’heure de la soupe est proche nous ne verrons pas la peau d’un renard. Après une boucle vallonnée, nous prenons une route où nous avons le plaisir, voire l’appréhension de nous faire doubler par d’anciennes voitures de grand tourisme. Nous voilà revenu au ravitaillement. Les tartines finalement bien passées, nous en mettons une deuxième couche. Il nous reste quatorze kilomètres pour rejoindre notre destination finale. Mais le dénivelé qui nous attend reste dans nos mémoires et dans nos cuisses de l’an dernier. Mais seraient ce les tartines ou les bières qui nous attendent, nous n’éprouvons  pas de difficulté à gravir les montées même si parfois nous retrouvons les plaques de rochers  telles que connues au Roc d’Azur avec l’humidité en plus. Seul Eric monté avec des pneus de tracteurs et un sag de 70 % éprouve quelques difficultés dans les ascensions. Afin de soulager sa peine, Stéphane lu prête le yeti durant quelques kilomètres. Une dernière grimpette où nous nous tirons la bourre avec Arnaud et Stéphane revenu à sa dulcinée et c’est la descente vers l’arrivée où la douche s’impose tant pour nous que pour nos montures. Un pain saucisse et une bière nous ferons rapidement oublier les monceaux de boue qui nous ont recouverts durant cette balade de quarante kilomètres dans les forêts ardennaises.

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