Les onze gorets

Pour ce premier dimanche du mois de mai ù il fait beau, j’avais dans l’idée d’allonger un peu la distance par rapport à nos sorties  qui habituellement tournent autour des 40kms. Additionnant trois parcours que nous empruntons de temps en temps j’arrivais à une balade de 80kms. Sachant que tout le monde n’est pas capable, ou n’a pas le temps, de pédaler sur cette distance, j’avais envisagé trois possibilités des retours par la route d’une dizaine de kilomètres. Au final, sur le papier, chacun avait la possibilité de choisir entre 80kms avec 1450m de D+, 24kms et 648m de D+, 37 et 740m de D+ et 48kms et 1000m de D+ ( plus le retour par la route pour ces trois derniers). 
Sur une telle distance j’envisage un ravito. Afin d’éviter le gaspillage, je demande aux participants de me prévenir à l’avance. Vendredi soir je sais que Catherine, Thierry, Guitou, Cacal, Cyril, Christophe et Bernard seront présents. J’ai également convié Bertrand et Maxence à se joindre à nous. Le départ est prévu à 7h30 de la SMA. Cette sortie sera aussi l’occasion de tester un ravitaillement « Covid compatible » au cas où nous organiserions une randonnée en septembre.

Quand je me lève le soleil est déjà haut dans le ciel mais le thermomètre indique seulement 6°. Les prévisionnistes prévoient 20° en début d’après-midi. Le dilemme du jour est comment vais-je m’habiller. Alors que je réfléchi à cette question métaphysique mon téléphone grogne. C’est Seb qui me demande s’il peut se joindre à nous. Bien sûr qu’il est le bienvenus. Une énorme mare se boue ne me fera pas regretter cette décision. Pour ma tenue je me décide finalement pour le maillot manches courtes et les manchettes.

Sourire de plaisir ou grimace d’effort

Avec Bertrand, Maxence et Seb nous partons de la maison pour rejoindre les autres à Flize. Tout le monde est là.  Après les échanges de politesses et les présentations pour ceux qui ne se connaissent pas, c’est parti pour la première ascension du jour. On y va tranquille même si devant ça se taquinne un peu. On rassemble la troupe avant d’attaquer la descente vers Sapogne. La descente se fait sur le même rythme que la montée : à bloc devant (avec un dépassement dans le talus pour Seb) et cool derrière. Nouvelle montée vers les hauteurs de la forêt de Mazarin avant de rejoindre la vallée du Rouge Cogneux par une petite descente sympa. Nous longeons le ruisseau jusqu’à la vallée de la Bar. Nous arrivons devant l’écluse, empruntons le tunnel de Saint-Aignan et longeons le canal jusqu’à Omicourt.  Notre prochain objectif est 140m plus haut. Trois options se présentent à nous variant entre physiquement difficile (parcours balisé), très difficile (chemin vicinal n°2) et vraiment très difficile (montée du calvaire ou chemin Luet). Pour avoir testé les trois j’opte pour le plus facile en sachant que nous n’en somme qu’à 16kms. La montée se passe sans souci. S’en suit un large chemin forestier. Pour rompre la monotonie de ce chemin j’ai déniché un petit sentier ludique dans la forêt domaniale de Vendresse. Je reprends la tête du groupe car nous alternons entre les lignes de sapins et les sentiers de l’arboretum. Je suis sur qu’à ce moment là majorité des participants est perdu.  La descente que j’ai prévue doit passer dans une bauge mais le terrain gras ne se prête pas à la fréquentation des pourceaux. Après un échange avec Cyril, j’opte pour une tentative « dré dans l’pentu » qui s’avère payante mais emputera le parcours de de quelques hectomètres et  nous fera rater notre objectif d’une sortie de 80kms de… 600m.  Après un petit passage sur route, nous longeons le bois Charlemagne pour nous retrouver sur l’arrière du golf des Poursaudes. Débute pour Maxence une séance de réglage de cales qui durera une bonne partie de la sortie. Nous prenons la direction de la Tuilerie. Le chemin boueux et ornièreux nous vaut quelques moments rock n’roll. Nouveau passage sur route avant se rejoindre le chemin de la Grangette. L’entrée dans le bois se fait par un passage dans une zone labourée par les débardages. Il est difficile de garder le contrôle de nos montures qui ont tendance à n’en faire qu’à leur tête. J’adore ce qui suit avec le franchissement du Bairon et du Baâlons sur des passerelles (même si ça serait beauoup plus fun sans les passerelles). Une nouvelle fois nous nous regroupons. Seb nous fait la totale : bris de rayon et crevaison. Une chambre à air et un rilsan plus tard, il est prêt à repartir. Contrairement à ce que je fais d’habitude, pour cette sortie j’ai choisi de contourner Baâlons et Beauvois en empruntant le parcours balisé 19 des crêtes pré-ardennaises. C’est super sympa cette alternance de passages raides, de cailloux, de racines et de boue. Nous voici sur les hauteurs de La Horgne. Nous nous trouvons au dessus de la côte des spahis. Nous sommes un peu en retard sur le plan de route. Catherine est déjà en place pour le ravitaillement et il nous reste encore environ quarante-cinq minutes de chemin. Nous ne nous attardons donc pas au memmorial et traçons notre route.  La fatigue commence à se faire sentir pour certains. Les écarts entre la tête et la queue deviennent importants. C’est le moment où il faut faire attention

Et pourtant ça passait…

pour ne perdre personne. Je décide de rester à l’arrière pour remettre les brebis égarées sur le droit chemin. Il me manque Thierry. Je ne l’ai pas vu passer. Catherine ferme la marche, il doit être devant. La montée de La Horgne vers la Crête Mouton est très praticable malgré la pluie des derniers jours. La seule difficulté est la mare de boue au sommet ; résultat des dégradations faites pas les engins d’exploitation forestière. Heureusement le niveau de l’eau a un peu descendu ce qui permet de traverser les pieds pratiquement secs. Après un passage normal, où il parviendra tout de même à finir les deux pieds dans la boue, Seb pense qu’il est possible de traverser sur le vélo. C’est le seul, même si un grand nombre l’encourage à tenter l’exploit : roue arrière et s’est parti. Le premier mètre se passe bien avant qu’innexorablement la roue arrière s’enfonce dans plusieurs centimètres de vase. Pas la peine de vous raconter la suite la photo parle d’elle même. Nous enchaînons par la descente vers Poix-Terron. Mais le chemin communal n’est pas assez ludique à notre goût. Nous bifurquons par le chemin du Terme Roland. De nouveau nous avons perdu quelques oies. Cacal, Catherine et Maxence manquent à l’appel. Un coup de fil plus tard ils ont retrouvé le troupeau. Un beau coup de cul, que je monterai à pieds, ayant mal géré l’adhérence de ma roue arrière, marque le dernier effort avant le ravitaillement. Les freins se lâchent…

Il est 11h20 et nous voilà enfin au ravito. Nous avons une quarataine de minutes sur mon plan de route. Les rations et les bouteilles d’eau sont les bienvenues. Bertrand, Cacal, Maxence et Sébastien décident de rentrer par la route. Catherine et Thierry continuent jusqu’au prochain village pour rejoindre ensuite Flize au plus court et surtout au plus plat. Après une vingtaine de minutes nous reprenons notre chemins en nombre réduit mais requinquer pour les trente kilomètres restants. Enfin presque… Guitou commence à pédaler au moral. Nous passons sous l’autoroute avant de bifiurquer à droite sur l’ancienne route de Touligny. Malgré l’état dégradé de la route et les nids de poules, un gros c.. avec un 4×4 trouve quand même le moyen de nous doubler à une vitesse peu respectueuse. Sans doute encore un bon chasseur… Nous passons par la ferme de la basse Touligny. J’adore ce coin que j’ai vu tous les jours pendant douze ans alors que je passais sur l’autoroute pour aller bosser mais que je n’ai finalement découvert il y a quelques jours. Nous longeons une pature où paissent tranquillement quelques méchouis sur pattes. Un se trouve au milieu du chemin. Nous tentons de jouer à saute mouton mais celui-ci s’enfuit devant nos roues. Amis de la nature, je plaisante nous n’avons déjà pas le niveau pour sauter au dessus d’un tronc d’arbre alors un mouton…
Devant l’église Saint-Martin nous quittons Catherine et Thierry, non sans leur avoir indiqué le chemin le plus court/facile pour rentrer. Alors que nous empruntons le chemin de Franclieu qui mène au chateau, Guitou anticipe la souffrance à venir. Nous attaquons la montée du bois du Prince. Cyril et Bernard partent devant. Christophe est intercalé alors que je reste à l’arrière avec Guitou. Je tente de le divertir en « roulant des choses dans le monde » comme le disait Jésus (note historique). Il tient durant un bon moment mais petit à petit je le sens lâcher. Je ne lui suis plus d’aucun secours et le laisse à sa douleur. J’essaie de revenir sur Christophe sans y parvenir. Nous nous regroupons au bord du chemin qui mène aux trous de loumottes. Après avoir traversé Mondigny il nous reste à

Parfois il faut savoir prendre de la hauteur

rejoindre l’élevage de poules au dessus de Champigneul et il en sera fini des grosses côtes. Cette fois Guitou est au bout de sa vie et il reste 20 kilomètres. Si d’après l’Évangile, Jésus fut obligé, comme d’autres condamnés au crucifiement, de porter sa propre croix jusqu’au mont du Golgotha, Guitou doit trainer son Scott jusqu’à la SMA. S’il fut proposé au Christ du vin parfumé de myrrhe, en ce jour pas de boisson à base de grenouille pour revigoré Guitou tel astérix avec la potion magique. Nous enchainons les kilomètres. Clefay, La Francheville, le Fort des Ayvelles par les singles, Les balastières départementales où Cyril décrochera le KOM, bord de Meuse (où il ne décrochera pas le KOM) pour finir par la rue de l’abattoir que Guitou évitera de prendre, même si à l’arrivée il avait tout à fait la tête du cochon qui sait que le boucher n’aura pas de pitié.

Au bout de 7H00 il nous manquera quelques héctomètres pour que Strava nous arrondisse à 80kms. Nous proposons à Guitou un aller-retour sur le chemin noir pour combler notre objectif, mais il décline l’offre pourtant si gentiment offerte. Une belle sortie empreinte de rigolade, de boue, de convivialité et de soufrance pour certains mais surtout du plaisir de se retrouver ensemble pour rouler.
Ayant eu un peut de mal à compter le nombre de participants, j’ai hésité entre les dix petits négres et les douze salopards, finalement les onze gorets nous convient beaucoup mieux vu l’état dans lequel nous sommes rentré malgré un magnifique soleil. Sans oublier une température annoncé à 26° par le GPS de Guitou dans la montée du bois du Prince (mais je ne sais pas où il avait mis son GPS).

Les Strava de Bernard et de Christophe (boucle complète avec le départ et le retour à la SMA) nous donnent entre 79.26 et 80.06 kms et entre 1336 et 1343m de D+.

One thought on “Les onze gorets

  1. Christophe

    Pour mon premier 80 ce fut une sacrée belle sortie. Je retiens les lieux insolites, les montées qui piquent, le ravito qui fait du bien, les derniers kilomètres de fatigue et surtout le partage de tous ces moments.

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