Voie Vive – Rocroi-Monthermé

Lors d’une sortie autour du lac des Vieilles-Forges j’ai rencontré à plusieurs reprises de petites pancartes fléchant un parcours appelé « Voie Vive ». Renseignements pris j’ai déciuvert qu’il s’agit d’un parcours reliant Rocroi à Monthermé par les villages de Bourg-Fidèle, Rimogne, Montcornet, Sécheval avant de rejoindre la voie verte à Bogny-sur-Meuse. Je parviens également à trouver une trace GPS sur le site de tracedetrail.fr. Il ne reste plus qu’à trouver le bon moment. Le 22 septembre, jour de l’automne et un des derniers jours de l’été indien selon Météo France me semble un bon choix. Je charge la trace dans le GPS et imprime quelques cartes pour parer à tout problème de fléchage sur le terrain. Vous trouverez, tout au long de ces quelques lignes,  quelques liens vers des éléments historiques qui vous permettront d’agrémenter votre sortie.
L’A34 met Rocroi à 30 minutes de la maison, je décide donc de partir de la ville de la Croix de Raul (à ne pas confondre avec le cri de Raoul dont l’origine est toute autre). Sachez qu’il est possible d’emprunter ce parcours dans l’autre sens et de partir de Monthermé, le fléchage étant à double sens.

Parvenu sur place je me stationne juste à l’extérieur des remparts. Je ne suis qu’à quelques mètres de la place d’armes point de départ de l’aventure. La température est de 4°. Bravo Météo France, on est plus sur un été inuit qu’indien. Ce n’est pas les basses températures qui vont m’arrêter.
N’hésitez pas avant de démarrer votre périple, à faire le tour des remparts par un petit sentier très agréable. 
Je fais deux fois le tour de la place d’armes sans trouver aucune flèche. Heureusement le GPS est là pour me mettre sur le droit chemin. Je prends la rue de Bourgogne puis la rue de la Porte de Bourgogne, rue du tour de ville vers le sud avant de rejoindre la route qui même vers le hameau du Petit Hongréaux.  Je passe devant le lieu-dit le Couvent qui se trouve sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle Batiments [en ruines] construits en 1666 suite a l’incendie le 18 Mai 1643 par les Espagnols [la vielle de la bataille de Rocroy] de la filiale de l’hermitage des Recollets de Couvin construit en 1635 .. les batiments serviront d’asile jusqu’a la Revolution a quelques soeurs Recollectines … Je suis en terrain connu car je l’ai déjà emprunté et il mène à Bourg-Fidèle par un sentier sympa. Le parcours ne suit pas ce chemin mais emprunte la route puis une route forestière avant de rejoindre le Chemin de Compostelle peu avant Bourg-Fidèle. Dans le village le fléchage parfois incompréhensible ne correspond pas à la trace du GPS. Je jardine un peu pour trouver le bon chemin. Peu après la sortie du village la trace suit la route forestière de la Bérulle jusqu’au bois d’Andouillet qu’il traverse avant de rejoindre Rimogne. Rimogne est un village autrefois important pour avoir été un des plus grands bassins ardoisiers français et cela dès son origine. L’ardoise y a été extraite de 1158 à 1971, soit pendant 813 ans. À l’image du destin des mineurs de Zola dans Germinal, la vie du village est intimement liée à celui de l’extraction ardoisière. C’est à travers cette histoire que se sont dessinés la plupart des aspects de la vie sociale, de la vie économique, de la vie culturelle. Si aujourd’hui toute activité ardoisière a cessé, il n’en reste pas moins que Rimogne est un village au riche passé industriel. Ces exploitations ont en effet tellement façonné ce village que le monde de l’ardoise et tout ce qui s’y rattache sont encore très présents dans le quotidien.
La traversée du village se fait par le N43 sur 500m avant de prendre la rue de la Fosse Saint-Brice. Il faut continuer jusqu’à l’usine de broyage d’ardoise. Attention à cet endroit car un sentier part tout de suite à droite mais il ne faut pas le prendre. Je fini par comprendre qu’il faut entrer sur le parking de l’usine avant de bifurquer vers la droite sur un chemin. Après 300m je rate un sentier sur la droite. Demi-tour et me voila sur un passage sympa qui va rejoindre un chemin qui descend vers le lac des Vieilles-Forges. A l’origine, le Lac des Vieilles-Forges n’était qu’un petit étang dressé sur une rivière dénommée la Faux. Dès le XVIe siècle, l’installation successive de forges sur les rives de la Faux puis d’un barrage en 1927 ont favorisé l’extension de ce lac. L’une de ces forges fut construite par un anglais dénommé Witacker. C’est ce dernier qui donna l’un des surnoms de ce lac de retenue. En 1949, le barrage fut agrandi et le lac atteignit son niveau actuel, c’est une retenue d’eau créé pour les besoins en électricité de la région. Le parcours suit le lac sur sa rive gauche jusqu’au pont des Aulnes par le GR 12C. Même si le balisage n’est que très peu facile à suivre en suivant le lac on ne peut se tromper. Attention toutefois en période de pluie, les bord du lac étant très boueux, il vaut mieux rester sur la trace « officielle ». Je me suis efforcé de suivre le balisage pour avoir la trace exacte. Nombre de passages sont dans un bois d’épicéas et les racines secouent bien.
Après avoir traversé la D988 (situé approximativement à mi-parcours), je continue à suivre le GR 12C qui est la route forestière qui rejoint Montcornet. Montcornet présente un intéressant répertoire des dispositifs architecturaux utilisés dans les châteaux-forts au cours de la période de transition située à la charnière du Moyen Âge et de la Renaissance. Dans cette période, les anciens châteaux médiévaux durent s’adapter aux armes à feu et notamment trouver des parades contre les canons des assaillants (épaississement considérable des murailles, percement de postes de tir avec canonnières, construction de tours d’artillerie à plan bastionné ou en as de pique, installation de casemates à canons, etc.). La barbacane (l’ouvrage avancé) qui contrôlait l’entrée du château possède une partie de ces améliorations défensives typiques de la seconde moitié du XV siècle. Autre détail intéressant: le vieux donjon médiéval situé à la pointe de l’éperon rocheux portant le château, semble avoir eu son fossé défendu par un ouvrage défensif relativement rare -appelé moineau- dont on peut observer l’ancien couloir d’accès traversant la base du mur du donjon. Les moineaux étaient des petites casemates pour armes à feu légères que l’on implantait au fond des fossés afin de pouvoir tirer sur un assaillant qui serait parvenu à descendre dans le fossé. Les vestiges aujourd’hui visibles datent pour une bonne partie du XV siècle et du début du XVI siècle. Environ un kilomètre après avoir traversé la D140 il faut rendre le chemin sur la gauche. Dans la descente il faut emprunter un sentier auquel on accède par une épingle. Je connais bien ce passage donc il ne me pose pas de problème. Si vous le prenez pour la première fois ne vous enflammez pas dans la descente. Ce passage est super sympa et m’amène à l’entrée de Montcornet. Je tourne un peu pour trouver le passage exact car pas de balisage et la trace GPS n’est pas évidente. Mais pas de problème il suffit de suivre le sentier de promenade qui passe derrière le château et amène au Mont Cornu. Par ce passage Montcornet sait mettre en avant ses lieux touristiques, ce qui n’est malheureusement pas le cas des autres villages du parcours. Après il est facile de se détourner de quelques centaines de mètres pour visiter.
Descente vers Sécheval que le chemin prend bien soin de contourner. Il suit de nouveau le GR12C. Je prend le temps de faire une photo dans un magnifique passage au milieu des pâtures et à manger un petit bout par la même occasion ayant déjà parcouru 36 kilomètres.
Le chemin quitte le GR12C au moment où il entre en forêt Domaniale du Bois de l’Or et des Fourmis. Je n’ai trouvé aucune information sur la toile sur les raisons de ce nom. Si quelqu’un à des infos je suis preneur. La route forestière me fait prendre une centaine de mètres de D+ en un kilomètre. Ca pique un peu les pattes ! Une fois traversé la D989 au niveau du Hêtre Helvet (arbre remarquable) le parcours s’incline vers la Meuse. La vitesse n’aidant pas à la lecture des flèches cachées derrière les arbres, ni du GPS je dois faire quelques aller-retours pour trouver le passage exact. Là c’est le moment d’en profiter car c’est plus de 200m qui sont proposés de dévaler en moins cinq kilomètres. Seuls quelques petits coups de cul coupent mon élan de temps à autre.
Là encore ça manque de balisage pour trouver comment rejoindre la voie verte. Comment ça doit piquer dans l’autre sens… Je testerai cela pour l’arrivée du printemps. La Voie Vive se termine sur le bitume du bord de Meuse. Je mets à profit ce moment de calme pour admirer le paysage de ce qui est pour moi le plus beau tronçon de la Voie Verte Transardennes avec la vue sur les Quatre Fils Aymon.
Toutes les bonnes choses ont une fin et me voilà parvenu au bout de la Voie Vive au niveau du port de Monthermé. Encore une fois je ne sais pas si cela est vraiment le terminus car aucun panneau n’indique ni le départ, ni la fin…
Je me pose/pause quelques minutes pour manger le croque-monsieur embarqué ce matin et de me ravitailler en boisson.

Au moment de faire le bilan de cette sortie, je retiens un parcours très varié technique et physiquement assez facile pour un pratiquant régulier (j’en suis venu à bout). Je regrette simplement que le coté touristique, hormis à Montcornet, n’ai pas été plus mis en avant sur cette trace alors que le patrimoine est riche. Deuxième point, et sans doute le plus important, le fléchage est totalement à revoir pour permettre que les personnes ne disposant pas de GPS puissent se lancer sans crainte de jardiner des heures à la recherche de leur chemin. Donc finalement un parcours qui a totalement sa place mais qui doit faire l’objet d’affinage.

Pour ceux qui comme moi souhaiteraient effectuer le retour par la route, il suffit de suivre la Voie Verte jusqu’à Revin puis prendre la route entre Saint-Nicolas et Rocroi  (D1) et de bifurquer sur la route de la vallée de Misère. Il faut juste avoir à l’esprit que Rocroi se trouve à une altitude 382m alors que Revin n’est qu’à 142m.

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