La Lozerienne

Le gros rendez-vous de l’année 2022 pour les raidars était la Lozérienne. Chacun était libre de choisir le mode chrono ou rando ainsi que le nombre de jours (1 à 3). Tous (Arnaud, Aurélien, Cacal, Catherine, Claude, Christophe, Guitou, Laurent, Louis, les deux Stéphane, Thierry et moi) avions choisi les trois jours en mode cool. Enfin ça c’était sur le papier…

Jour 0
Nous consacrons ce jour à faire la route. 800 kilomètres c’est un peu long. Cacal, Christophe et moi arrivons les premiers et découvrons nos petits nids douillets. Alors que nous sommes partis sous un magnifique soleil, nous essuyons quelques averses. Après avoir posé nos affaires, avec Christophe nous nous rendons chez le traîteur pour récupérer le repas du soir.
Le ciel nous laissant un répit nous prenons l’apéro et mangeons sur l’herbe. Le voyage nous a fatigué et il est à peine plus de 21h00 quand chacun regagne son chalet qui pour basculer directement dans les bras de Morphée, qui pour réviser une dernière fois sa monture. Le départ est prévu pour 10h00 pour rejoindre Le Massegros lieu de départ des deux premiers jours.

Jour 1     
Il ne fait pas très chaud quand nous découvrons cette première journée en Lozère. La question dans toutes les têtes est : comment je vais m’habiller. Les options sont très diverses… Nous arrivons sur le site de départ en ayant perdu 4°. 11° pour un 6 mai on est pas mal !
Nous nous rendons aux inscriptions en troupeau. Le soucis est que les bénévoles ne retrouvent aucune trace de nos plaques. Après quelques

 palabres nous récupérons nos biens qui avaient été mis de côté car nous nous étions inscrits en groupe. Les sourires reviennent sur les visages, bière et saucisson dans les pochettes ça requinque de suite un raidar. Seulement le vent froid nous rappelle à l’ordre des la sortie de la salle. Le départ étant prévu à midi je vais acquérir, non sans difficulté, des casse-croûtes. Je sollicite la boulangère pour immortaliser ce jour de départ. On a plus l’impression d’une photo d’un groupe de skieurs que de vététistes.
La particularité de la Lozérienne est qu’au départ c’était une course composée de spéciales chronométrées et de parcours de liaison. La randonnée est venue ensuite sur le même parcours n’ayant pas de secteur chronométré.
Enfin arrivé l’heure du départ. C’est groupé que nous passons l’arche marquant le début de notre aventure. Les groupes se forment et se déforment au gré des envies et des coups de mou de chacun. C’est pour cela qu’à partir de ce moment je ne parlerai que de mon expérience…

Nous attaquons une première montée route puis chemin large. Nous avons a peine parcouru 2 kilomètres qu’on nous fait faire demi-tour car nous sommes sur le parcours du lendemain. Un bout de route et nous reprenons ce qui semble être la bonne trace. Ça grimpe dans les racines et les cailloux sans possibilité de doubler. Pour ma part je suivrai le wagon de piétons. Cette fois nous sommes sur le bon chemin. Comme nous nous y attendions, le parcours est un mélange de grands chemins et de sentiers monotraces. Je roule pratiquement tout le temps avec Catherine, Thierry et Stéphane. Parfois avec le groupe Guitou, Louis, Stéphane K et Ninnin. Cacal et Christophe naviguent de groupe en groupe. Alors qu’Arnaud, Aurélien et Claude se tirent la bourre devant. Le profil est vallonné mais rien de très difficile. Nous évoluons entre  800 et 1000m. Le balisage est fait de bouts de rubalise accrochés aux poteaux ou aux branches. C’est un peu juste mais avec un peu d’attention on s’en sort. Parvenus au village de Serres nous ne trouvons plus de balisage. Heureusement un indigène nous indique le chemin à suivre mais après quelques centaines de mètres nous sommes de nouveau perdu. Nous retrouvons Arnaud et Aurélien qui viennent de faire demi-tour. Nous patientons car même les ouvreurs et en moto ont l’air dubitatifs. Finalement nous reprenons le chemin en sens inverse jusqu’au village et retrouvons des morceaux de rubalise. La version officielle sera que des plaisantins ont retiré les rubans.
Les paysages sont magnifiques. Le chemin est assez roulant.
Nous retrouvons tout le monde après une descente sur la route. Nous devons attendre car certains “chronos” sont encore perdus dans la pampa. Les organisateurs attendent les derniers coureurs pour pouvoir lancer la spéciale. Nous en profitons pour faire un peu de publicité pour notre beau département. Le speaker n’arrête pas de parler des “ardennois”.
Nous partons à leur suite. Nous entamons une montée de deux kilomètres et demi.Nous enchaînons sur la partie la plus technique de l’ensemble de la Lozérienne : près de 3 kilomètres de descente. La dernière partie en lacet est très technique : le sol est rocheux, les épingles serrées et la certaines marches sont très hautes. Nous y croisons un médecin qui vient de porter secours à un participant qui a fait une grosse chute. Il nous demande de passer les deux virages suivants à pied. Qu’est-ce que je regrette ma tige de selle téléscopique. Nous débouchons 400m plus bas en bordure du Tarn à proximité du château de la Caze.  C’est magnifique ! Alors que les “chronos” partent pour une boucle supplémentaire avec deux secteurs chronométrés, nous prenons la route longeant la rivière pour rejoindre le village de la Malène 6 kilomètres plus loin. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour admirer le décor et faire quelques photos, notamment le village de Hauterives.
Au ravito Guitou me demande combien mon gps annonce de dénivelé. Il indique 550m. La journée est annoncée à 1300m. Je n’y crois pas du tout. Il ne reste que 22 kilomètres.
Sur ce coup là je n’ai pas eu le nez fin. Nous quittons le ravitaillement par la route. Nous commençons à tirer la langue. Catherine à tordu son dérailleur dans la descente et ne peut plus passer sur le gros pignon. Je tente d’être persuasif. Thierry le sera beaucoup plus quelques kilomètres plus loin. Nous enchainons par une alternance entre routes, chemins et sentiers, mais ça grimpe toujours. Nous franchissons de nouveau les 1000m d’altitude trois kilomètres de l’arrivée avant de descendre vers Le Massegros. Finalement, nous aurons le droit à 15 kilomètres de profil ascendant.
La suite du programme est apéro, repas et petite balade nocturne.
Il est 18H00, l’apéro est prévu à 18H30. Nous patientons mais la météo ne s’est pas améliorée, il fait 11° et un vent à décorner les cocus.
L’apéro est offert par Cape Nore, organisateur d’une randonnée à côté de Carcassonne. Ils sont un peu à la bourre pour servir. Guitou, Louis, Stéphane et Ninnin n’ont pas le courage de patienter et se jettent sur le repas. Nous attendons patiemment en discutant et découvrant cette randonnée. Nous avons très envie de tester cela l’an prochain même si ça fait loin de nos belles Ardennes. Les négociations vont bon train. Nous allons réfléchir à cette expédition. Nous passons un bon moment avant de passer à table.Finalement nous ne restons plus que 6 pour la nocturne : Arnaud, Aurélien, Cacal, Christophe, Claude et moi.Il nous reste encore plus d’une heure à patienter avant le départ. Je décide de me mettre au chaud et regarder la coupe du Monde de VTT sur mon téléphone. Arnaud vient me trouver avec un carton. C’est un cadeau de Cape Nore “pour le Président des ardennais”. Il s’agit d’un carton de six bouteilles qui restait de l’apéro.
Enfin, l’heure du départ arrive. Comme il s’agit d’une liaison nous partons tous ensemble. Ça roule vite. Rapidement nous sommes au départ de la spéciale. Nous prenons l’option courte et empruntons le chemin du retour. Ça roule toujours aussi vite. Je suis à la traîne derrière à plus de 20km/h quand même. Les chemins sont larges, pas techniques. Nous bouclons les 13 kilomètres en moins de 50 minutes.
Je ne sais pas si nous nous sommes acclimatés ou s’il fait moins froid mais nous sommes bien pour ranger notre matériel. Nous ne nous attardons pas car nous avons une nouvelle grosse journée demain. Quand nous rentrons au chalet, Stéphane a préparé la table pour le petit déjeuner et a poussé le chauffage dans la salle de bain. Une vraie petite femme d’intérieur. Le réveil sur 7h00, je ne tarde pas à m’endormir.

Jour 2
Bis repetita. Nouveau départ de Le Massegros. Mais cette fois nous délaissons la vallée du Tarn et les Grands Causses. Le parcours se dessine entre les Causses et la Vallée du Lot. Nous démarrons par le même chemin que la veille, ce qui est normal vu que nous avions emprunté le chemin d’aujourd’hui hier… Mais cette fois, on ne nous interrompt pas dans la montée. Nous avons le droit d’aller au bout des 2.6 kilomètres d’ascension. Le parcours est très différent, beaucoup plus de passages étroits entre des haies, parfois même des tunnels de buis, des sentiers très escarpés et beaucoup de cailloux. Les groupes se constituent de façon un peu différente. Arnaud, Aurélien, Christophe et Claude sont devant. Le reste est plus ou moins groupé en fonction des pauses de chacun. Cacal va d’un groupe à l’autre. Le paysage est aussi totalement différent : plus vallonné et moins abrupt. Mais nous sommes quand même très haut et naviguons entre 850 et 950 m d’altitude. Même si le parcours n’est pas très difficile, les montées sont longues et parfois plus longues pour certains que pour d’autres…
A Canilhac nous retrouvons l’ensemble des raidars. Seul Cacal manque à l’appel. Nous devons attendre le départ de la spéciale pour pouvoir nous élancer à notre tour. Claude est assis sur un banc, pieds nus. Il nous explique qu’il a fait une grosse chute dans un single. La pédale a touché une roche, l’éjectant par dessus le cintre. La cheville est enflée et poser le pied au sol le fait souffrir. Heureusement sur le vélo la douleur est supportable.
Nous avons le choix d’emprunter la spéciale ou de parcours rando. Je me renseigne sur la spéciale : une descente technique, suivie de deux belles grosses montées. Le parcours rando descend tranquillement vers le repas par la route dans un premier temps puis par un chemin roulant. Le temps de prendre les infos, il ne reste plus que Catherine, Thierry et Stéphane, les autres ont enquillé la spéciale. Tous les quatre nous décidons de partir par l’option tranquille. Pour s’avérer tranquille, elle s’avère tranquille : 7kms et 400m de descente. On remonte notre moyenne.
Nous retrouvons Cacal à Banassac. Nous posons nos vélos et faisons la queue pour le repas. Nous en profitons pour discuter de nouveau avec les organisateurs de la Cape Nore. De nouveau ils nous invitent à venir à Carcassonne l’année prochaine. Nous nous installons autour du repas. Nous avons fini quand nos compères arrivent. Ils sont dépités. Si la descente était sympa, les deux montées étaient  “impossibles”. Ils ont dû porter, pousser, traîner les vélos. Même les VTTAE étaient au même régime. Nous leur cédons notre table et attendons le départ prévu pour 14H00. C’est long d’attendre !
Enfin nous pouvons repartir. Un long tronçon de route en pente douce pour nous amener au départ de la spéciale. Nous devons de nouveau patienter car le secteur suivant est une longue montée en lacets monotraces. Impossible de doubler. Les organisateurs ont choisi de faire partir par petits groupes d’une dizaine. Même si nous avons râlé contre l’attente, l’idée était bonne. Nous nous attendions à un morceau de bravoure finalement l’ascension n’était pas si difficile, à part un pierrier que nous franchissons tous à pieds. Cette fois nous roulons en deux groupes : Arnaud, Aurélien, Cacal, Christophe et Claude sont partis devant.
La suite du parcours est plus compliquée avec un enchaînement de murs à franchir les uns derrière les autres. Pour ma part je mettrai pieds à terre à plusieurs reprises. Louis s’illustre. C’est beau d’être jeune.
Dernier ravito. Nous prenons notre temps, le ciel est bleu, les oiseaux chantent et les températures enfin agréables. Il nous reste quelques kilomètres à parcourir pour boucler la deuxième journée. Les chemins sont plus larges et plus faciles mais il nous reste tout de même un col à 1020m à franchir avant de plonger vers l’apéro
Pour certains c’est déjà le dernier soir. Rentrés aux gites, ils commencent à ranger les affaires et nettoyer les logements. Nous enchaînons sur le traditionnel apéro et le repas avant d’aller nous coucher car pour le troisième jour nous changeons de site de départ et avons une heure de route pour nous y rendre.

Jour 3
Cette fois, c’est la dernière journée de roulage. Sur le papier elle semble plus cool. A 7H30 nous décollons des gîtes. Nous nous rendons compte en chemin que le paysage change. Nous sommes plus sur un paysage de plateaux, même si l’altitude augmente. La ville de Langogne se trouve à plus de 900m d’altitude.
Nous nous retrouvons tous sur la ligne de départ pour la dernière fois du séjour. Je ne reverrai pas certains qui veulent envoyer les watts pour rentrer tôt et repartir dans la foulée. Claude joue la prudence en décidant de ne pas prendre de risque et déclare forfait pour cette dernière étape.
Nous démarrons sur la route. Déjà ça grimpe. Nous enchaînons par des larges chemins et toujours ça grimpe. Finalement nous grimperons pendant plus de 12 kilomètres. Pour nous récompenser nous avons le droit à un ravitaillement au sommet. Nous rencontrons une personne qui a participé à la construction de la centrale hydroélectrique de Revin. Il est intarissable sur les Ardennes. Si nous n’avions pas coupé court à la discussion nous y serions sans doute encore. Après un peu de plat nous avons le droit à une belle descente. Comme nous sommes sur un paysage de plateau nous n’avons pas l’impression des autres jours avec des reliefs époustouflants mais nous sommes tout de même à plus de 1200m d’altitude. Nous devons franchir un nouveau col avant de descendre de nouveau. Nous sommes dans des prairies parsemées de rochers. Le paysage me rappelle un peu ceux que nous avons rencontrés à la Forestière. Descente, nouvelle montée et nous attaquons un secteur facile avec un profil descendant sur 13kms. Nous arrivons sur la rive du Bournassou. Un pont nous tend les bras. On est raidars dans l’âme ou pas. Je m’élance et parvenu au milieu glisse sur un rocher et prends un bain. Thierry qui a collé ma roue s’en sort beaucoup mieux. Stéphane et Catherine la jouent pieds secs et empruntent le pont. Quelques kilomètres plus loin c’est la Clamousse que nous devons traverser. Cette fois, pas de pont mais des blocs rocheux permettant de passer sans se mouiller. De nouveau le raidar ne dévie et je passe cette fois sans caler mais pas plus au sec. Cette fois Thierry et Stéphane sont de la partie. Catherine un peu plus loin hésite. Nous savons nous montrer convaincants. Elle rejoint l’élite devant les autres randonneurs dont aucun ne mériterait d’être un raidar. Peu avant d’atteindre les bords du lac nous arrivons au dernier ravitaillement (qui s’avère être aussi le second). Il était temps il y a quelque temps que je n’avais plus à boire. Celui-ci est le départ de la dernière spéciale. Le ravito n’est pas encore en place. Bref c’est le bordel ! Catherine et Thierry sont impatients de partir de peur de se faire rattraper par la meute des furieux bouffeurs de KOM sur un chemin étroit qui ne permet pas les dépassements. Ils prennent les devants pendant que je reste derrière avec Stéphane. Je prends le temps de regarder le lac qui m’évoque des souvenirs d’une autre vie sportive. Bientôt le sentier devient plus technique avec des petits coups de cul et passages étroits avec des racines. Nous abordons un passage dans les rochers. Nous alternons portage et pédalage.
Nous sommes bientôt rattrapés par les electro-chronos. Nous nous jetons sur le bas-côté pour les laisser passer. Nous nous empressons de reprendre notre chemin. Le passage est stressant. Il faut gérer le passage des rochers et les concurrents qui se disputent la victoire. C’est un peu pénible.
Nous retrouvons les bords du lac à proximité de Naussac et un chemin roulant, style chemin pour balade dominicale en famille. Nous commençons à nous tirer la bourre avec Thierry. Mon GPS indique entre 30 et 35kms/h. Je suis content de moi quand je me fais doubler par des avions de chasse. Enfin je franchis la ligne d’arrivée. Dernier ravitaillement et s’en est fini de ce périple lozérien. Nous partageons ce moment avant de reprendre la route vers Langogne et poser le point final.
Nous retrouvons Cacal et Christophe. Guitou,Louis, Laurent et Stéphane chargent leurs montures. Aurélien, Arnaud et Claude ont déjà repris la route. Nous assistons aux remises des prix pour les formules chronos en savourant un aligot saucisse.

Retour aux gîtes pour commencer à charger et nous préparer pour l’Ultima Cena. Je ne sais pas si Jésus et ses apôtres avaient aussi bien mangé mais c’est le ventre bien tendu que nous nous allongeons pour notre ultime nuit en Lozère.

Jour +1
Départ à 9H00 pour reprendre la route en direction de nos Ardennes.

Pour faire le point de cette épopée de 172kms, 4386m de D+ et 14H06 de selle (deux fois j’ai oublié de déclencher le GPS au départ)
Le positif : une région magnifique avec des paysages à couper le souffle, des chemins variés
Le négatif : un balisage approximatif le vendredi, des parcours souvent très roulant (retour du vendredi essentiellement sur la route), le mélange chrono-rando qui nous a obligé à des pauses.
Bref une belle expérience que je ne regrette aucunement mais que je renouvellerai sans doute pas.

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