La Forestière 2021

Pour Stéphane et moi l’inscription à la Forestière datait d’un temps que mes moins de deux ans ne peuvent pas connaître. En effet entre le moment où nous nous étions inscrits et aujourd’hui un virus venu de Chine est venu perturber nos vies. Anouchka et PTR avaient également ambitionnés d’aller se promener sur les pentes du Jura. Mais finalement ce sont Catherine et Thierry qui se joignirent à nous pour ce périple de deux jours et cent-vingt kilomètres. Alors qu’au court des dernières semaines un grand nombre de raidars manifestaient leur envie de nous accompagner, finalement seul Cacal qui s’est joint à nous.

Afin d’être libre de nos mouvements nous décidons de partir en camping-car afin de dormir sur place les vendredi et le dimanche soirs. Départ à treize heures de la maison en convoi avec Cacal et son kangoo-car. Nous retrouvons Stéphane chez lui. Le temps de charger le vélo et le matériel nécessaire pour ce périple de deux jours et nous voilà repartis. En passant à pont royal nous avisons Thierry afin qu’il puisse prendre notre roue. A mi-chemin nous effectuons une pose dans une station service. Thierry m’annonce qu’il préfère se stationner sur la parking de la manifestation plutôt que de dormir au camping afin de gagner du temps de sommeil. Nos chemins se séparent donc pour mieux se rejoindre le lendemain. Nous arrivons au camping après avoir longé l’Ain et notamment le magnifique lac de Vouglans. La route est étroite et sinueuse, pas de doute nous sommes bien à la montagne. Les Robins des Bois nous avaient fait radio bière-foot, nous avons pour notre part droit au camping bière-boule. Nous sommes installés comme des rois au bord du lac avec une eau à vingt-et-un degrés et même des chauves-souris qui chassent les moustiques. Après une pizza, un verre de rosé et un petit rhum arrangé nous nous glissons dans les bras de Morphée. Nous sommes réveillés vers cinq heures par la pluie qui frappe aux carreaux. Quand le réveil sonne, il ne pleut plus. Nous prenons un petit-déjeuner et gagnons Arbent pour le départ.
A peine avons nous posé un pied au sol que nous sommes reconnus par d’autres vététistes qui nous saluent. La réputation de notre randonnée ne cesse de m’étonner. Nos passe-sanitaires vérifiés, nous retirons nos plaques et allons nous stationner près de Catherine et Thierry. L’herbe est quand même bien trempée. Nous avons les pieds mouillés. Tranquillement nous nous préparons, il ne faut rien oublier car nous ne reviendrons qu’à l’issue de notre périple. Force est de constater que nous ne voyageons pas tous de la même façons. Certains ne sont pas encore prêts pour le bike-packing… Thierry nous a revêtus la combinette. J’ai hésité mais la petitesse des poches m’a freinée. A neuf heures quarante-cinq nous laissons nos vélos aux bons soins d’un transporteur et prenons le bus. Durant le voyage, qui dure une bonne demi-heure, nous faisons connaissance de caennais dont un couple en tandem, et une suédoise expatriée à Chamonix. Nous échangeons nos expériences de VTT pour passer le temps. Il est difficile d’apprécier le paysage le brouillard ayant fait son apparition. De temps en temps nous remarquons du balisage qui vraisemblablement nous est destiné dans les heures qui viennent. Nous voici enfin à La Pesse, petite commune du Jura. Nous récupérons nos montures en un temps record et nous dirigeons ensuite vers un copieux petit déjeuner qui nous est offert. Voilà une journée qui se présente bien…

LA PESSE – LELEX
Pendant le discours des organisateurs, c’est un peu la douche froide. On nous annonce que le premier, qui s’avérera être le seul, ravitaillement est au kilomètres trente-huit. Avec une seule gourde et soleil qui pointe son nez, il va falloir la jouer serré. A onze heures précises, nous démarrons. A peine deux cents mètres parcourus et nous commençons à monter. Après l’herbe nous attaquons les bois. C’est chaud ! Nous n’en sommes pas à cinq cents mètres que nous sommes à pieds. Thierry, en grande forme, est l’un des seuls à grimper presque tout, slalomant  entre racines et rochers… Après trente-cinq minutes et quatre kilomètres de montée nous franchissons le Crêt du Nerbier. Le ton est donné car c’est le point culminant de notre journée à 1360m. Il n’y a plus qu’à redescendre vers La Pesse avant d’attaquer vraiment le périple. Le frein arrière de Stéphane fait grève : la poignée est molle. Nous faisons un passage auprès du mécano de service qui malgré une purge parvient juste à ce que Stéphane ait un peu de mordant en pompant comme un shadock (que les jeunes m’excusent pour cette référence d’un autre âge). Pendant l’intervention de l’homme de l’art, je fait du tourisme auprès des locaux qui m’expliquent que par beau temps ont peut apercevoir le Mont Blanc dans l’axe du Crêt de Chalam qui culmine à 1545. Nous repartons après plus de vingt minutes. Cette fois c’est sur, nous n’allons pas être les premiers à franchir la ligne d’arrivée. Pour trouver notre chemin nous devons naviguer entre un fléchage léger et une trace gps parfois pas très précise. Malgré tout nous parvenons à nous en sortir tant bien que mal. Le terrain est très usant enchaînant des coups de cul entrecoupés de faux-plats, cailloux et racines, plaisir et douleur. Quand nous ne sommes pas dans les bois nous traversons des pâtures avec de nombreuses vaches. Elles ont toutes des cloches autour du cou qu’elles agitent lors de notre passage comme pour nous encourager. Nous ne pouvons pas ne pas avoir une pensée pour notre raidar bovinophobe au milieu de toutes ces bêtes à cornes. Certaines pâtures sont ouvertes mais pour pénétrer dans d’autres nous devons emprunter des passages canadiens. Sans nous en apercevoir nous finissons pas passer sous les mille mètres d’altitude. Nous sommes alors au trente-huitième kilomètres et nous n’avons pas encore vu l’ombre d’un ravitaillement contrairement aux informations donnés par les organisateurs. Nos gourdes sont vides depuis longtemps et pour ma part je suis complétement déshydraté. Finalement c’est aux Moussières que nous trouverons le ravitaillement après quarante-deux kilomètres et beaucoup de montées.  Nous prenons le temps de nous poser pour déguster une croziflette et boire encore et encore. Nous retrouvons quelques vététistes. Nous nous sentons moins abandonnés.
Le parcours étant donné pour cinquante-six kilomètres nous voilà tout revigorés pour affronter les dernières difficultés. Quand nous avons reçu le fichier gps, j’avais jeté un œil sur le profil et dans mes souvenirs les dix derniers kilomètres descendaient. Tout cela cumulé nous remet du cœur à l’ouvrage après plus quatre heures quinze de selle. Nous faisons un bout de route avec un trio de dunkerquois. Nous découvrirons que même les jeunes fanfarons peuvent se retrouver allongé au sol perclus de crampes. J’avoue que ce n’était pas très charitable mais cela a égayé ma journée. Cacal qui commence à trouver le temps long part devant. Je ne sais même pas comment il a supporté notre rythme de sénateur aussi longtemps. Stéphane est dans la souffrance depuis le départ et Catherine commence à réclamer la descente finale… Enfin au cinquante-troisième kilomètre nous franchissons le sommet des Platières à 1305m. Lelex se trouvant à 900m, on va bien finir par descendre et comme il ne nous reste théoriquement que trois kilomètres ça promet d’être pentu. Pour être hard, la descente est hard, mais pas par sa pente mais par son revêtement. Sur près de la moitié des huit kilomètres que fera finalement la descente, c’est un pierrier avec des cailloux qui se dérobe sous nos roues. Nous descendons avec prudence.  L’état d’un vététiste ayant goûté à la dureté du gypse jurassique nous refroidi encore. En bas nous franchissons la ligne. L’ordinateur nous avise qu’il reste huit concurrents derrière nous. Heureusement que nous prenons le temps de discuter avec un bénévole qui nous indique où nous rendre à l’arrivée car il n’y a aucun fléchage dans le village. Nous apprenons que nous serons logés au gite Le Télémark. Les indications pour nous y rendre sont très claires. Après c’est sur la route principale et il n’y a que deux routes dans le village… Quand nous arrivons au gite cela ne correspond pas du tout à ce qui nous a été vendu. Quand j’avais posé la question de savoir si nous serions seuls dans le gite on m’avait répondu que nous le partagerions peut-être avec un autre groupe en fonction du nombre. Nous nous retrouvons finalement dans un bâtiment style auberge de jeunesse avec des chambres de 6 personnes et nous sommes près de cinquante. Nous lisons le désarroi dans les yeux de Catherine. Les expériences sont toujours enrichissantes et pour Catherine passer une nuit avec cinq hommes fût une expérience… Ce qui s’est passé au Télémark restera à jamais enfuit au Télémark.
Pour faire un petit bilan de cette journée (avis tout à fait personnel) :
Pour le positif : de paysages superbes, de beaux passages dans les pâtures (même si ça fait mal au cul), quelques beaux chemins tant en montée qu’en descente, un ravitaillement copieux (plus repas que ravito).
Pour le négatif : P…. qu’il était loin ce ravito (42 kilomètres du départ), des passages infranchissables sur le vélo sauf peut-être pour des hybrides (même si personnellement les portages/poussages ne me gênent pas), le mélange trace gps et fléchage difficile à gérer (nous avons fini par suivre uniquement le balisage et utiliser le gps quand nous étions perdus).

LELEX – ARBENT
Réveillés en douceur par le téléphone de Thierry. (J’ai depuis des acouphènes). Nous nous préparons tranquillement, prenons un petit déjeuner et enfourchons nos montures pour gagner la ligne de départ (prévu à 8H00) non sans avoir fait une photo avec le lever du soleil sur la montagne en arrière plan. A ce moment là nous ne savions pas encore que ces premiers rayons de soleil éclairaient notre destin. Nous avons choisi de nous vêtir léger maillot et manchettes. Je suis gelé en arrivant sur la ligne ; un bénévole nous apprendra qu’il avait 4° au thermomètre de sa voiture. Nous avons le droit à un briefing : Nous allons attaquer par une montée sur un chemin blanc pour rejoindre La Pesse et les parcours « officiels » de la Forestière. Cette première partie n’est pas balisée mais il suffit de suivre ce chemin jusqu’à la Borne au lion. La borne fait partie d’une série de bornes frontières posées en 1613, et marquant alors la nouvelle frontière entre le Royaume de France et la Franche-Comté bourguignonne. « On ne nous dit pas tout » comme le clamait si souvent la dame en rouge devant les yeux ébahis de Michel Drucker. Si ce passage est à sept kilomètres et demi il est aussi à plus de six-cents mètres plus haut. Nous le franchissons après une heure quinze d’effort. Le ton est donné. La journée va être longue. Mais le soleil a décidé de nous accompagné pour cette deuxième journée. Cette borne marque notre entrée sur le parcours du 100kms UCI. Nous ne verrons pas les coureurs de suite car si comme nous ils ont partis à 8H00 ils ont plus de cinquante kilomètres pour arriver à cet endroit. Les prairies et les bois se succèdent. J’incite Cacal à y aller à son rythme. Même s’il refuse dans un premier temp, l’appel de la vitesse est le plus fort. Le parcours n’a rien à voir avec la veille. En comparaison c’est très roulant même si je dois pousser mon vélo dans certaines montées ayant encore mal au pattes de la veille et ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Nous partageons quelques minutes notre périple avec le tandem de caennais et notre trio dunkerquois. Nous entrons dans le village de Giron par un slalom dans la prairie et trouvons un ravitaillement. Cela fait presque quinze kilomètres que le profil général est descendant. Le moral est au beau fixe.
Le ventre plein nous sommes prêts pour attaquer la descente du Nant du Mort, deux kms et 370m de D-. Racines et caillasses se disputent le mérite de nous faire souffrir. En bas nous n’avons plus de bras et ça sent la plaquette cramée. Heureusement que Stéphane à retrouvé un peu de mordant à l’arrière. Au trente-deuxième kilomètres nous arrivons dans le village d’Echallon dont accès se fait par une belle montée. C’est là qu’est situé le deuxième ravitaillement. Nous profitons de notre pause pour encourager les premiers Marathonien qui à ce moment ont déjà quatre-vingt-six kilomètres dans les jambes. Malgré cela ils grimpent trois fois plus vite que nous. Nous reconnaissons les maillots de champion d’Europe de Andreas Seewald, déjà double vainqueur de la Forestière et du champion de France marathon, Axel Roudil Cortinat. Notre trace est commune pour les huit prochains kilomètres. En reprenant notre route nous faisons attention de ne pas les gêner. C’est bizarre comme ces coureurs de haut niveau sont beaucoup plus sympas avec nous, pauvres randonneurs du dimanche, que les « champions » de quartier… Au moment où nos chemins se séparent la trace redevient plus ludique, plus étroite et plus accidentée. Nous attaquons une ultime descente hyper dangereuse. J’y poserai le pied à terre ne sachant pas très bien sur quelle trace je dois m’engager. Nous débouchons dans le village de La Tour où nous trouvons le dernier ravitaillement. Avec Stéphane nous trouvons un banc pour nous poser. Catherine immortalisera le moment impressionnée par ma voix suave interprétant du Gotainer. Il nous reste dix kilomètres pour finir notre périple avec un profil globalement descendant (-200m). Après 5H06 nous franchissons la ligne d’arrivée en ayant parcourus 57kms et 1480m de D+. Nous posons nos montures en parc fermé et allons prendre une douche glacée après avoir récupéré nos sacs. Après avoir rangé notre matériel nous nous rendons compte qu’il n’est que 15H30 et décidons ne reprendre la route ce soir. Nous prenons néanmoins le temps de boire une bière et de profiter du repas offert par les organisateurs.

BILAN
118.700kms
2999m de D+
10H31’42« 

5 thoughts on “La Forestière 2021

    1. Spaderman Post author

      Il y a d’autres randonnées dans cette région mais pas avec des organisations de cette ampleur.
      Il y aussi des centres VTT dans les stations de Metabief et de Monts Jura ainsi que le Centre Fédéral VTT de Bugey.
      Il y a aussi la GTJ faite par Claude et Nordine cet été, un peu trop roulant à leur gout.

  1. Spaderman Post author

    Pour ceux qui ont partagé cette aventure avec moi : Si vous vous souvenez d’Andreas SEEWALD qui portait le maillot de champion d’Europe, qui nous a salué quand nous arrivions (et qui accessoirement venait de remporter La Forestière), il a ce weekend endossé le maillot de Champion du Monde sur l’Ile d’Elbe. Un plateau plutôt relevé avec des coureurs comme Lars Forster, et Nino Schurter.
    Comme quoi l’amabilité n’est pas inversement proportionnelle au talent…

  2. Christophe

    Effectivement la région fait envie.
    J’ai vu quelques vidéos de rando organisé par l’école VTT du haut Bugey
    Ils ont l’air d’être sérieux
    A voir.

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